Combien de fois avez vous déjà entendue cette phrase ? Essayez de vous rappeler le contexte et tentez de compléter la phrase. Y a des chances que dans la majorité des cas la phrase soit en réalité la suivante : je ne fais pas ça pour l’argent mais pour obtenir de la reconnaissance.
Sauf qu’on ose pas l’avouer de manière transparente (peur que ca fasse « égo ») et donc on tronque la phrase.
Quand une entreprise est en difficulté et n’arrive pas à faire fasse à ses créances, une des solutions est de « déposer le bilan » sans attendre. Celà a pour effet d’ouvrir soit une procédure de redressement, soit une liquidation judiciaire. En tout cas d’étudier les solutions possibles.
Ce moment est redouté par beaucoup d’entrepreneur. Un peu pour l’argent qu’ils vont éventuellement y perdre mais surtout pour la « mauvaise publicité » que ça va faire à leur société et plus largement à leur image de chef d’entreprise.
En gros déposer le bilan c’est perdre toute la reconnaissance qu’on avait obtenu grâce à son statut de chef d’entreprise. Et ça qui fait peur. Tellement peur que trop souvent les entrepreneurs n’utilisent pas cette bouée de sauvetage assez tôt et finisse par couler.
Que ce soit lors de manifestations de salariés mécontents ou une grève de la faim d’un opposant à grand projet inutile, dans les deux cas, le comportement est la conséquence d’un manque de reconnaissance. D’un manque d’écoute et d’importance accordée par quelqu’un d’autre.
Et du coup, bah on emploi des plus gros moyens pour essayer de l’obtenir cette reconnaissance.
Le contrat a durée indéterminé, c’est le graal. Une sorte de chèque en blanc façon contrat de travail qui prouve qu’un employeur a confiance dans une personne qu’il embauche et qu’il est persuadé que cette dernière va être utile à sa société. Sinon bien évidemment il ne signerait pas un contrat sans date de fin.
Ce contrat constitue pour moi une marque forte de reconnaissance donnée au salarié. Elle reconnait sa capacité a amener de la valeur à une entreprise et en contrepartie être rémunéré.
Et c’est bien pour celà que sans CDI, pas de prêt à la banque. Et que sans CDI, pas non plus de parents rassurés sur l’avenir de leur fiston. Dans ces deux exemples : pas de CDI = pas de reconnaissance de son statut de travailleur.
Aujourd’hui dans quasi toutes les entreprises, on trouve le fameux service client. Son rôle étant de s’assurer de la satisfaction du client pour que ce dernier recommande (au deux sens du terme). Bien souvent le service client arrive à générer cette satisfaction non pas forcément en résolvant le problème mais déjà en s’occupant du problème, en le prenant en compte. Autrement dit en montrant à ces clients qu’ils sont importants.
Beaucoup d’entreprises, notamment des startup, vont même bien plus loin. Ils déploient des stratégies dîtes « client centric ». Litterallement traduit avec le client au centre….de l’attention de la marque. Autrement dit en reconnaissant que le plus important, c’est le client.
Pour ceux qui veulent creuser le sujet, je vous recommande le très bon livre ci dessous de Jonathan Lefèvre. J’en ai même fait un petit résumé ici sur mon wlog perso.
Rappelez vous pendant le premier confinement : les gens qui applaudissent aux fenêtres à 20h, les nombreux messages de soutien sur les réseaux sociaux, les repas livrés gratuitement aux personnels des hôpitaux.
Une vague inédite de reconnaissance du rôle majeur des personnels soignants dans notre société.
Et quand on écoutait les paroles des infirmières ou des médecins suite à ces témoignages de reconnaissance, on comprenait facilement que c’était bien cet élan de reconnaissance massif qui les faisait tenir dans ces conditions très difficiles.
Bien plus que les primettes en argent promises par l’état.
A 20h on applaudit le personnel soignant ! Ici à Bagnolet. Pendant la crise du Corona virus, les réseaux sociaux appellent à se mettre à sa fenêtre à 20h pour applaudir le personnel soignant.
Il vous est peut-être déjà arrivé d’aller déjeuner dans un restaurant avec un ami qui connaît le patron. Et ZE moment, c’est quand ce dernier sort de la cuisine pour venir saluer votre ami qui, fier comme un paon, vous présente le patron en question.
Je pense que dans ce moment précis, le besoin de reconnaissance joue un rôle très important. A mon sens, il y a un espèce de truc qui fait qu’on connaît un puissant, un patron, le chef, une star, celà nous elève un tout petit peu plus dans le statut social. Et en nous rapporchant par procuration de ce statut social nous fournit également la reconnaissance qui va avec.
Je pense que cette même mécanique est d’ailleurs à l’oeuvre dans l’autre cas classique du t’inquiètes je connais le patron, je vais discuter avec lui pour d’obtenir une remise ou même le je connais le patron, contacte le de ma part. Je doute que dans ces cas là, l’aide proposée soit motivée par de la simple gentilesse bienveillante.
Cette mécanique, semble t’il n’a pas non plus échappée aux publicitaires 🙂
Et souvent leur décision n’est pas comprise. Pourquoi quelqu’un qui bosse dans une « belle boîte » avec une sécurité financière dans la durée (CDI + bon salaire) décide du jour au lendemain de tout plaquer, tout risquer pour se « mettre à son compte ».
Quand on creuse, en général il ressort 2 choses – le besoin de liberté : s’organiser comme on veut, travailler ou on veut – le besoin de faire un truc qui a du sens
Si on creuse un peu plus ce « qui a du sens« , celà veut souvent dire au final « qui m’apporte de la reconnaissance« . De la reconnaissance de la part de personnes qui comprennent que ce que je fais est utile et me remercie pour celà. La fameuse « satisfaction client ».
Et ces retours directs sont à mon sens bien plus faciles à obtenir quand on est à son compte dans une petite structure que dans une grosse boîte où souvent on ne sait plus pourquoi on fait les choses et à quoi elles servent.
Le besoin de reconnaissance est selon moi un des moteurs principaux des entrepreneurs mais également des consultants, freelance ou autre jobbeurs qui décident de travailler de manière plus directe avec leurs clients pour obtenir une reconnaissance plus directe.
Un des dangers de l’entreprenariat étant aussi ce fort focus sur la recherche de la reconnaissance, négligeant parfois même les besoins plus basiques de la pyramide de maslow : les besoins physiologiques (dormir, manger) et le besoin de sécurité (financière notamment).
Néanmoins, je pense que l’entreprenariat reste une des voies les plus intéressantes pour arriver à couvrir l’ensemble de ses besoins : physiologiques, sécurité, appartenance, estime de soi (via la reconnaissance) jusqu’au besoin d’accomplissement de soi. Que je prefère d’ailleurs appeler « sérénité ».
Quand un nouveau produit / service sort, en marketing on modélise ainsi la courbe des gens qui vont au fur et à mesure s’approprier cette nouveauté
La question est : qu’est ce qui motive les early adopters ? Qu’est ce qui fait qu’à un moment donné des gens vont acheter un objet innovant, tester un nouveau resto ou être parmis les premiers à acheter la nouvelle version de….
Bien souvent ce n’est pas que dû au service rendu par l’objet en lui-même. Je pense qu’une partie de la motivation se situe dans la reconnaissance que l’on obtient pour avoir su, avant les autres, dénicher cette nouveauté.
C’est ce talent de dénicheur de pépite, personne innovante, personne qui s’y connaît » qui est reconnu par les autres via des phrases du genre « toi qui t’y connais en resto, toi qui est un geek… ».